ADIEU L’AMI
Roger Mansuy qui fut, dès l’origine, en 1990, membre de notre association, s’en est allé pour toujours, nous laissant incrédules et tristes. Notre « historien-autodidacte » a été activement partie prenante de toutes nos activités, de tous les documents que nous avons produits, tant pour l’éducation civique que pour retrouver la mémoire de notre ville, tels que définis dans l’article 2 de nos statuts.
Il a été un collaborateur joyeux et efficace des quatre Présidents qui se sont succédé à la tête de notre association.
Toujours nous penserons à lui avec affection.
Le droit de vote, pour les hommes, fut durement acquis. Certains y laissèrent leur vie.
Ce fut tout aussi difficile pour le droit de vote des femmes. Et seulement en 1945, par le Général De Gaulle (bien après les femmes turques ...).
Même le Conseil National de la Résistance n'en parlait pas explicitement.
Maintenant, nous avons tous ce droit. Que dis-je ? Ce DEVOIR.
Certes, ce pourrait être inscrit dans la loi, comme dans d'autres pays.
Ici, le législateur a fait confiance à notre sens des responsabilités.
Alors pourquoi, les jours de votation, rester tapis dans son coin.
Donnons raison au législateur et VOTONS.
Et n'oublions pas de demander des comptes à ceux que nous avons élus : Ils nous les doivent.
Et surtout, pensons à tous ces peuples qui aspirent à ce droit, à la démocratie et, encore, en meurent.
RESPECT
J'AI HONTE
A tous ceux qui tendent présentement des micros scandaleusement complaisants, j'adresse ce très beau poème de Primo LEVI :
SI C'EST UN HOMME
Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue
Qui ne connaît pas de repos
Qui se bat pour un quignon de pain
Qui meurt pour un oui pour un non
Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver
N'OUBLIEZ PAS QUE CELA FUT
NON, NE L'OUBLIEZ PAS ;
Gravez ces mots dans votre coeur
Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant ;
Répétez-les à vos enfants
Que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous
Primo LEVI : "Si c'est un homme" Pocket 3117
Bertold Brecht avait raison de nous mettre en garde :
"Le ventre est encore fécond qui enfanta la bête immonde".
Quand la situation est grave, il y en a toujours un qui se lève pour résister.
D'autres se lèvent à leur tour qui s'unissent pour résister.
Ainsi naquirent les COMITES LOCAUX DE LIBERATION. Dont celui d' Epinay sur Seine.
Les signataires ci-dessous cités ont peu à peu disparus.
Ils doivent rester vivants parmis nous : nous leur devons beaucoup.
J'en sais beaucoup mais, d'ores et déjà, deux peuvent retenir l'attention :
André CLIPET : grand résistant amoureux de sa ville, écrivain et journaliste
de qualité. Durant toute la durée de l'occupation, il a tenu un journal des
évènements auxquels il participait. Il a ensuite confié la précieuse mémoire
aux archives municipales.
Nous l'avons totalement associé lorsque l'association a produit un, puis
deux documents sur la libération d'Epinay. C'était fascinant de l'entendre
évoquer ces heures sombres, où avec d'autres, il faillit laisser sa vie.
Pourtant, rien de semblait le destiner à de telles activités puisqu'il était
peintre (en bâtiment)
Violette SAUVION : Elle aussi est entrée en résistance à l'occupant dès la
première heure. Elle fut à l'origine d'un groupe "Libération" où se
retrouvèrent notamment beaucoup de femmes d'Epinay.
Elle était institutrice. Plus tard, elle devint professeur de français dans
les "cours complémentaires" de notre école Pasteur.
Elle n'a jamais parlé explicitement de son action au cours de cette période
funeste : elle tentait seulement, à travers livres et récits, de nous guider
sur le droit chemin.
Il était communiste. Elle était socialiste.
Tous deux furent faits, solennellement, "CITOYENS D'HONNEUR" de notre ville.
"Des gens de leur sorte, il en est beaucoup".
Ils reposent tous deux au cimetière d'Epinay.